L’activité philanthropique en contexte démocratique est chose délicate. Tandis que la démocratie se définit comme un régime politique où le pouvoir est l’affaire des citoyens et citoyennes, la philanthropie correspond, pour sa part, à une forme d’intervention sociale où les individus utilisent leurs ressources personnelles pour faire progresser les causes qu’ils choisissent. Cela signifie que les philanthropes – les grands comme les petits – agissent sur des enjeux d’intérêt général à partir de choix personnels, lesquels ne sont pas nécessairement validés par des mécanismes de délibération. Prend alors forme une tension, entre, d’un côté, l’idéal démocratique fondé sur la prise de décision par le plus grand nombre de façon consensualiste, idéal à lequel aspire toute société démocratique, et, de l’autre côté, la liberté qu’ont les individus d’utiliser leurs ressources financières ou autres pour faire agir au nom du bien commun. Naturellement, cette tension est d’autant plus forte en contexte de concentration de la richesse où la majeure partie des ressources financières du secteur philanthropique est contrôlée par un petit nombre de fondations et que le poids des grands donateurs gagne en importance sur le marché du don. À moins que ne soit attaquée de front la question des inégalités sociales, sera immanquablement présente et légitime la crainte que la philanthropie des grands donataires entraîne des dérapages ploutocratiques. De plus, la croissance des besoins exprimés par la population pour des services publiques ou pour des interventions régulatrices de l’État étant limitées par les capacités effectives d’agir de ce dernier, une pression s’exerce sur les grands donateurs et leurs fondations à l’effet d’intervenir à la place de l’État. Comment alors départager ce qui relève des responsabilités de l’État et de la philanthropie à l’égard de la chose publique. Les références bibliographiques présentées dans ce bulletin nous aident à mieux comprendre les défis qui caractérisent le rapport de la philanthropie à la démocratie.
Bonne lecture !
- Éditorial: Démocratie et philanthropie – une relation sous tension chez nos voisins du sud!, par Jean-Marc Fontan
- Philanthropy vs. Democracy par Helmut K. Anheir, publié par Project Syndicate
- En route vers une réforme du cadre juridique régulant les activités politiques des OBE – Quatre réactions du secteur philanthropique sur l’abolition de la limite des 10 % by Diane Alalouf-Hall and David Grant-Poitras
- Les organismes de bienfaisance sont désormais les bienvenues sur la scène politique: Qu’est-ce que cela signifie véritablement et à quoi s’attendre pour l’avenir?, par David Grant-Poitras et Diane Alalouf-Hall du PhiLab, publié par The Philanthropist
- Entrevue avec Valerie Lemieux du Catherine Donnelly Foundation, par Brady Reid et Katherine MacDonald
- Les fondations comme fournisseurs de justice intergénérationnelle ? Recension de l’ouvrage “Just Giving” et leçons à tirer pour la philanthropie canadienne, par Kristen Pue
- Dons aux partis politiques : des gens d’affaires prennent la relève de leur entreprise, Radio-Canada
- Partis fédéraux: les dons faits par des mineurs font sourciller des experts, LaPresse
- Phibliothèque – Philanthropie et Démocratie
Infolettre octobre 2019: Édition Spéciale: Philanthropie et Démocratie
Édition Spéciale: Philanthropie et Démocratie