Description
Cette recherche s’est intéressée aux actions philanthropiques et à leurs impacts dans un contexte de développement local, à savoir comment circule le capital financier mis à la disposition des acteurs pour alimenter les projets qui peuvent avoir un impact social et répondre à des besoins au sein d’une communauté dont le territoire est dévitalisé. Ainsi, à l’aide d’une étude de cas, nous avons cherché à mieux comprendre le déploiement concret de la finance solidaire en matière de redéveloppement de territoires dévitalisés. Nous l’avons fait à partir de l’étude du processus de revitalisation de l’artère commerciale de la rue Notre-Dame Est au sein du cœur villageois historique de Pointe-aux-Trembles dans l’Est de Montréal. Ce quartier peine, depuis les années 1980, à trouver un dynamisme réel malgré les efforts de la municipalité et des acteurs locaux. Récemment, un processus de revitalisation du secteur a été amorcé par la Société de Développement Angus (SDA), promoteur immobilier, qui a conclu un protocole d’entente avec le ministère des Affaire municipales et de l’Habitation (MAMH). Cette initiative est financée en partie par Garantie solidaire et la Caisse d’économie solidaire Desjardins. Dans une perspective de revitalisation, la SDA a fait l’acquisition d’immeubles dans ledit secteur pour initier un développement commercial et résidentiel. En travaillant de pair avec les acteurs de la société civile actifs sur le territoire Pointelier, l’objectif de la SDA est d’insuffler un dynamisme durable dans le cœur du village du vieux Pointe-aux-Trembles. Par le fait même la SDA, en partenariat avec Entremise, une entreprise d’économie sociale, a développé une stratégie d’occupation transitoire des locaux vacants en attente des nouvelles constructions à réaliser. Ce genre de processus de revitalisation à l’échelle d’un quartier et ce type d’expérimentations d’urbanisme transitoire restent peu documentés au sein de la littérature scientifique québécoise et canadienne.
Les résultats illustrent principalement la complexité de la mise en œuvre d’un projet de revitalisation ayant plusieurs composantes transversales. La proximité relationnelle entre les différentes parties-prenantes a facilité le développement de stratégies pour résorber les enjeux rencontrés (principalement au niveau de la coordination) et la démarche de la SDA a permis de générer une acceptabilité sociale face au projet, notamment grâce aux élus, l’équipe administrative de l’arrondissement et les acteurs locaux (du milieu des affaires et du milieu communautaire) qui adhèrent au projet et participent dans une certaine mesure à son développement. Les tentatives de développer des modèles innovants en immobilier abordable ont été grandement affecté par la conjoncture économique actuelle ce qui s’est traduit par une hausse importante des coûts de construction mettant ainsi à mal la rentabilité du projet sur certains volets, notamment dans une optique de développement de logement abordable. Toutefois, grâce à des partenariats stratégiques ainsi que tu rôle clé de l’État accompagnateur, ces écueils ont été contournés. Sur le plan de l’urbanisme transitoire, les résultats viennent illustrer une difficulté face à la mise sur pieds de l’opération. L’incubation du projet (l’activation transitoire) s’est effectuée très rapidement et avec beaucoup d’engouement. Toutefois, l’occupation des locaux s’est avérée plutôt complexe notamment vu des difficultés des communication entre l’organisme gestionnaire de l’occupation et les occupantes ainsi que d’une mauvaise gestion des attentes de part et d’autre. Les résultats viennent illustrer qu’il s’agit plutôt d’une occupation commerciale temporaire que d’une occupation transitoire dont la nature est de combler une étape de transition entre l’usage initial de l’espace et l’intention finale (Németh et Langhorst, 2014). Somme toute cette occupation n’est venue que partiellement répondre aux enjeux de vacance commerciale dans le vieux Pointe-aux-Trembles mais à toutefois permis d’amenuiser les effets pervers de la fermeture des commerces en attente du début du chantier. Cette occupation met en lumière les défis de la mise en œuvre d’une occupation transitoire de nature commerciale. Finalement, le rôle de la finance solidaire s’avère essentiel à la mise en œuvre de ce type de projet, l’enjeu actuel sur le plan du développement immobilier concerne principalement les coûts élevés d’acquisition de terrain et par le fait même la complexité d’assembler les capitaux nécessaires à l’acquisition lorsque les fonds propres du promoteur ne suffisent pas. La marge de crédit solidaire a permis d’acquérir les immeubles ciblés pour la revitalisation. Le rôle de la finance solidaire est donc majeur puisque initiateur de la démarche mais les acteurs philanthropiques pourraient jouer un rôle beaucoup plus important pour développer des solutions à la crise de logement actuelle.
Autres contenus
Centre régional
Axe de Recherche
- Axe 4 : Philanthropie et justice sociale
Superviseur(s)
- Jean-Marc Fontan
UQAM - Alexandre Paré
UQAM
Membres de l'équipe
- Jean-Marc Fontan
UQAM - Juan-Luis Klein
UQAM
Étudiants-es
- Alexandre Paré
UQAM
Partenaires
- Christian Yaccarini, Société de développement Angus
Début du projet
- 09/2021
Fin du projet
- 09/2022