Certaines communautés et certaines causes sont invisibles aux yeux des donateurs ou donatrices et d’organisations caritatives. Pour élever le débat face à ce problème, le PhiLab Québec a organisé le 12 mai 2023, avec la fondation Mirella et Lino Saputo, un colloque ayant pour objectif d’attirer l’attention sur la situation particulière de deux groupes peu visibles sur le radar de l’action philanthropique : les communautés noires et les personnes aînées. Réunissant plus d’une quarantaine de participant·e·s de divers organismes (Mission inclusion, Béati, Collectif, Shift, Présage, Luc maurice, La Croix-Rouge …), ce colloque a été ponctué par diverses présentations et activités, dont un atelier de discussion afin de stimuler les échanges. Les discussions ont porté sur les actions et stratégies à mettre en place pour augmenter l’intérêt des acteurs philanthropiques envers ces causes invisibilisées, réfléchir sur les obstacles à surmonter pour placer ces causes au cœur des modalités d’intervention des fondations, mais aussi sur les ressources à mobiliser pour soutenir davantage ces causes invisibles.
Augmenter l’intérêt des acteurs philanthropiques pour les causes invisibilisées
Les discussions ont souligné l’importance d’un engagement soutenu et structurant de la part du milieu philanthropique, et ce, tant pour la cause aînée que pour les populations noires. Cela exige de repenser en profondeur l’approche et le fonctionnement des organisations philanthropiques, que ce soit pour intéresser les donateurs et donatrices à ces causes et/ou pour y rediriger plus de ressources. En outre, les causes invisibilisées pourraient être propulsées par une approche clientéliste consistant à placer les communautés et les causes invisibles au cœur des débats en philanthropie. À cette fin, plusieurs participant·e·s ont plaidé afin que des représentant·e·s de la diversité soient plus présent·e·s au sein des fondations, et, a fortiori, dans les conseils d’administration. Cela a été identifiée comme un moyen qui permettrait d’accroitre la sensibilité d’un conseil d’administration eu égard à certaines communautés et causes trop souvent invisibilisées. Finalement, en adoptant une approche intersectionnelle, les acteurs de la philanthropie pourraient rendre visible ce qui est invisibilisé lorsqu’on observe les problèmes à partir d’une seule lentille, d’un seul point de vue.
Mobiliser une diversité de ressources pour soutenir les causes invisibilisées
Les ressources sont rares pour soutenir les communautés et les causes invisibilisées. Bien que les besoins financiers soient déterminants pour développer des actions en faveur des communautés invisibilisées, d’autres ressources sont également indispensables pour accompagner ces actions. Globalement, les OBNL manquent de ressources humaines, de données, de représentativité, de capacités de recherche et d’innovation. Par exemple, les capacités en recherche permettraient d’obtenir des données sur les causes invisibilisées afin de développer des actions plus ciblées. À cet effet, la création d’un fonds pour la recherche intersectionnelle en philanthropie serait fort utile. Par ailleurs, les discussions ont soutenu que les causes invisibilisées peuvent devenir visibles grâce à l’appui de personnes clés dans les paliers gouvernementaux, la bonne gouvernance dans les fondations privées, la communication à travers les influenceurs et les réseaux sociaux, l’implication de représentants des grands réseaux communautaires ou religieux.
À l’issu de cette journée de discussion sur les communautés et les causes invisibilisées en philanthropie, les débats ont permis de pointer les stratégies et les ressources à déployer pour que les communautés noires et les personnes aînées, deux groupes invisibilisées aux yeux des acteurs philanthropiques soient davantage pris en compte. Les discussions ont surtout mis en évidence la nécessité de conduire des projets de recherche en philanthropie sur les réalités des communautés invisibilisées. De tels projets de recherche pourraient permettre de susciter l’intérêt des acteurs philanthropiques pour les communautés et les causes invisibilisées.
Programme de la journée ACFAS