L’intelligence artificielle est déjà une réalité pour le secteur philanthropique. Ignorer le phénomène et repousser son utilisation risque de créer un décalage technologique difficile à rattraper. Foncer aveuglément n’est pas plus sage. Voici quelques pistes de réflexion à considérer autour de l’IA et la philanthropie.
Qui dit IA, dit ChatGPT
ChatGPT mobilise des données textuelles disponibles sur le Web, ce qui permet à l’algorithme de générer des contenus synthèse sur la majorité des sujets. Lorsqu’une requête lui est soumise, ChatGPT analyse le texte d’entrée, le comprend et génère une réponse qui semble pertinente en fonction de sa capacité d’analyse. L’outil est en quelque sorte « apprenant », puisqu’il génère des réponses alignées aux conversations précédentes. ChatGPT est conçu pour s’adapter à différents types de conversations et d’interactions, offrant ainsi une variété d’utilisations potentielles.
ChatGPT et la philanthropie
ChatGPT offre plusieurs avantages, tant sur une base personnelle que professionnelle et le secteur philanthropique peut mobiliser sa capacité synthèse. Une utilisation adéquate de ChatGPT peut permettre la production d’argumentaires et plus encore. Le mot clé à retenir est « amorcer ». Car les données fournies représentent un point de départ qui demande un travail supplémentaire en fonction des besoins à la base de la requête d’information adressée à l’algorithme.
ChatGPT est un outil qu’il importe de bien informer sur le contexte et le besoin de la requête qu’on veut lui adresser. Il importe donc de bien présenter le contexte et de fournir à l’algorithme une commande claire. Par exemple : « Je suis un professionnel de la collecte de fonds qui travaille dans un organisme de bienfaisance en santé. Nous avons un projet lié à l’acquisition d’un appareil X et souhaitons solliciter des donateurs majeurs pour mobiliser les ressources financières nécessaires à son achat. Pourrais-tu rédiger un argumentaire qui démontre l’impact de l’acquisition de cet appareil auprès de donateurs potentiels ? ». Pour le besoin de l’exercice, vous trouverez la réponse de ChatGPT en annexe.
Comme vous pourrez le constater à la lecture founir par ChatGPT, il s’agit d’un texte de départ qui n’est pas médiocre en soi, mais qui nécessite de la personnalisation et de l’adaptation. Il importe de l’adapter au style d’écriture de votre organisme.
D’autres outils d’IA pour la philanthropie
ChatGPT est un outil intéressant pour renforcer les capacités organisationnelles. D’autres outils sont aussi disponibles. Par exemple, la plateforme de dons en ligne FundraiseUp, laquelle intègre l’IA à ses formulaires de dons en ligne. Concrètement, le donateur ou la donatrice se voit proposer des montants de dons personnalisés, puis, au moment de finaliser la transaction, il lui est proposé de convertir son don unique en don récurrent. L’outil permet également d’utiliser l’IA comme outil antifraude.
Cette technologie, qui deviendra bientôt la norme, devrait être sur votre radar. Il s’agit en quelque sorte de l’équivalent de l’arrivée des sites réactifs (responsive) qui ont pris un certain temps à s’implanter dans le secteur.
Qu’en est-il de la confidentialité?
L’enjeu de la confidentialité n’est pas à négliger. Comme vous l’avez remarqué dans notre exemple de requête en vue de produire une lettre de sollicitation, nous sommes resté vague sur certains éléments, ne nommant pas de donateur/donatrice, ni d’organisme. Pourquoi? Car rien ne garantit la protection des renseignements personnels. Ainsi, chaque information fournie à ChatGPT, sur vos bénévoles ou donateurs/donatrices, pourrait vraisemblablement, sans votre consentement, ni celui de votre organisme, être recueillie et utilisée par la suite par ChatGPT. Il est donc important d’agir de manière prudente et consciente lorsque vous utilisez un tel outil. Sur ce point, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada se penche, conjointement avec le Québec, la Colombie-Britannique et l’Alberta sur ChatGPT et OpenAI, sur l’enjeu de la confidentialité afin de bien comprendre les implications éthiques liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle 1.
En résumé, oui à l’IA, mais avec précaution
L’IA prendra de plus en plus de place dans nos vies et représente un atout pour la philanthropie. Les avantages ne viennent pas seuls. L’IA représente également une prise de risque. Il importe donc de bien baliser son utilisation et surtout ne pas oublier que cet outil ne remplace pas la réflexion et surtout requiert une réflexion critique lors de son utilisation. D’où le conseil suivant, chaque organisme devrait se doter d’un cadre de référence sur les façons d’intégrer l’IA dans ses opérations courantes.
À propos de l’auteur
Daniel H. Lanteigne, ASC, C.Dir., CFRE, CRHA est vice-président, talent, stratégie et impact chez BNP Performance philanthropique. Il agit sur de nombreuses tribunes afin de contribuer à la culture philanthropique en donnant une voix au secteur. Il est également président de l’Association des professionnels en philanthropie au Québec et siège sur de nombreux autres comités et conseils d’administration. En janvier 2023, il a lancé le Balado Les Héros Anonymes qui donne la voix et la lumière à des gens qui maintiennent le filet social en place.
À propos de BNP Performance philanthropique
BNP Performance Philanthropique accompagne, depuis 1999, les organismes en stratégie philanthropique, gestion organisationnelle, ressources humaines et recherche de données. Proche collaboratrice de plusieurs organisations des milieux de la santé, de l’éducation, de la culture, de la science et du secteur religieux, l’équipe de BNP compte plusieurs professionnels détenteurs du titre de CFRE, la plus importante accréditation du secteur philanthropique. Depuis 2020, faisant suite à un regroupement, BNP Performance philanthropique élargie son empreinte et soutient désormais l’écosystème philanthropie à l’échelle nationale.
Annexe – Texte décliné par ChatGPT pour une sollicitation
This article is part of the July 2023 special edition: Philanthropy and AI. You can find more here.