Blog mai 2018: L’impact des fondations dans le développement du réseau de la santé

On me pose souvent la question suivante : pourquoi donnerais-je à une fondation reliée à un établissement de santé et de services sociaux, alors que le budget que l’État consacre au réseau public est de plus de 38 milliards de dollars annuellement, pris à même nos impôts?

Plusieurs dizaines de milliers de donateurs et donatrices répondent à cette question chaque année au Québec, une réponse qui pourrait se résumer de la façon suivante : parce ça contribue à faire une différence !

L’évolution de la philanthropie francophone est indéniable. Toutefois, certains préjugés persistent. Dans un contexte social et économique différent au Québec par rapport au Canada anglais et aux États-Unis, il y a encore une mécompréhension du rôle joué par les fondations reliées à un établissement de santé.

Quelques chiffres

Lors du sommet 2017 de l’Institut Mallet, quelques données statistiques ont été mises en relief. En 2015, nous retrouvions plus de 2 000 fondations au Québec, lesquelles octroyaient 884 millions de dollars pour les différentes causes qu’elles supportent, tant en santé que dans d’autres domaines.

Les fondations reliées à un établissement de santé du Québec représentaient un peu plus de 10 % du total de ces fondations (environ 225 fondations). Selon les chiffres compilés par l’Agence de revenu du Canada (ARC), les sommes remises aux différents établissements de santé ont dépassé 225 millions de dollars en 2015, soit plus de 25 % des sommes octroyées au Québec pour la même période.

Entre 2006 et 2016, c’est plus de 2 milliards de dollars qui ont été remis aux différents établissements publics de santé du Québec. Ces sommes sont directement consacrées au développement du réseau, les dépenses de fonctionnement étant assurées par le budget de l’État.

Parmi ces 225 fondations reliées à un établissement de santé, 63 ont amassé plus de 1 million de dollars en 2015 et en 2016, avec une moyenne de 6.46 millions de dollars. Il importe de préciser que ce montant n’inclue pas plusieurs fondations ou œuvres de bienfaisance œuvrant également dans le domaine de la santé sans être spécifiquement reliées à un établissement, par exemple Leucan ou la Fondation québécoise du cancer. Une partie des sommes amassées par ces organismes s’ajoutent ainsi aux montants investis par la philanthropie dans le réseau de la santé du Québec.

Le rôle des fondations dans le développement du réseau

Lorsque nous faisons référence aux fondations du domaine de la santé, nous pensons d’abord à celles qui sont reliées à de grands hôpitaux et qui ont à la fois une notoriété importante et des résultats permettant un impact très significatif. Notons l’exemple de la Fondation de l’Hôpital général juif[1], du CHU Sainte-Justine[2], de l’Hôpital de Montréal pour enfants[3], du CHU de Québec[4], de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont[5]ou de l’Institut de Cardiologie de Montréal[6].

Plusieurs fondations d’hôpitaux, plus petites, et situées tant en région que dans les grands centres, jouent également un rôle important. C’est également le cas de nombreuses fondations qui sont reliées à d’autres établissements de santé, par exemple celles des CHSLD ou des maisons de soins palliatifs.

Historiquement, les dons ont servi de plusieurs façons, notamment pour l’achat d’appareils médicaux de haute technologie et pour soutenir la recherche et l’enseignement. Plusieurs fondations soutiennent également le développement des compétences d’employés des CISSS et des CIUSSS.

Nous observons une certaine évolution dans le soutien financier des fondations, par exemple pour soutenir la réalisation de projets ponctuels de différentes natures qui ne sont pas financés par le budget courant des établissements. L’amélioration de la qualité des milieux de vie des bénéficiaires en CHSLD en est un bon exemple. Le soutien aux volets des services sociaux prend également une plus grande place.

De plus, nous pourrions penser que la plus grande partie des dons servent à soutenir des services tels l’oncologie, la cardiologie ou la pédiatrie. Il est vrai que des sommes importantes y sont encore consacrées, mais on assiste depuis quelques années à un soutien grandissant dans des domaines comme la santé mentale, les soins palliatifs, les services ambulatoires ou de soins à domicile.

À titre d’exemple, la Fondation Aline Letendre[7]est associée à l’Hôtel-Dieu de Saint-Hyacynthe. Cet établissement estun centre d’hébergement qui offre des soins de longue durée et des programmes de court séjour.  Cette fondation a comme mission de rehausser la qualité de vie globale des résidents de l’Hôtel-Dieu, en améliorant les soins, les services et le milieu de vie de ceux-ci. Depuis 1989, plus de 7 millions de dollars ont été remis à l’établissement pour soutenir cette mission.

La Fondation À notre santéde l’Hôtel-Dieu Arthabaska à Victoriaville a effectué un travail exceptionnel et a bénéficié de la très grande générosité des donateurs et donatrices de cette région. En effet, la campagne majeure 2012-2014, qui avait un objectif initial de 8 millions de dollars a largement dépassé cet objectif pour atteindre les 12.27 millions de dollars. Ces sommes ont notamment permis de relocaliser l’urgence de l’hôpital tout en doublant sa superficie. Des sommes importantes ont également été consacrées à la santé mentale, aux soins intensifs et aux services ambulatoires[8].

Finalement, la Fondation Cité de la Santé[9]de Laval a créé, en 2007, le Fonds Chamberland-Lavallée. Ce fonds permet d’offrir des bourses d’études et de perfectionnement au personnel infirmier.En douze ans, plus de 200 infirmières ont reçu une bourse de soutien pour leurs études au baccalauréat, à la maîtrise ou pour d’autres types de formation continue. Lors de la remise de bourses, en 2014, la directrice des soins infirmiers soulignaient l’importance de cette contribution à l’amélioration des soins offerts aux patients. La directrice indiquait également le lien entre le financement issu de cette source et l’attachement du personnel à cette institution. De façon exceptionnelle, toutes les infirmières ayant reçue une bourse depuis le début du programme étaient toujours à l’emploi de l’établissement de Laval.

Ces exemples illustrent bien la contribution des fondations aux établissements de santé. Dans un contexte philanthropique où le nombre de dons a encore été en recul au Canada, 2016 aura été une année exceptionnelle : plus de 260 millions de dollars ont été remis aux établissements publics de santé du Québec. Cette grande générosité des donateurs québécois contribue à faire une différence dans le développement du réseau de la santé du Québec.

L’argent réinvesti dans le système de santé par les fondations, grâce à la généreuse contribution des donateurs et donatrices, semblent petites par rapport à celles injectées par l’État. Cet apport contribue malgré tout à faire une différence, tant du point de vue qualitatif que dans son aspect de complémentarité pour le développement du réseau de santé québécois.

Alain Demers, directeur général de l’AFÉSAQ

Alain Demers est bien connu pour son expérience professionnelle dans les milieux culturel, philanthropique et associatif. Gestionnaire expérimenté, mentor et pédagogue, il apporte à l’AFÉSAQ une vaste expérience qui contribue à ses membres. Avant d’être directeur de l’AFÉSAQ, M. Demers a également occupé les postes de directeur général de la Fondation Cité de la Santé et de l’Orchestre symphonique de Laval.

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